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chroniques films & courts-metrages

Film "West Side Story" de Steven Spielberg DVD Twentieth Century Fox 2021

Publié le par Annie et Kristel

Quand Steven Spielberg revisite "West Side Story"...

L'histoire : Le coup de foudre frappe le jeune Tony lorsqu'il aperçoit Maria lors d'un bal en 1957 à New York. Leur romance naissante contribue à alimenter la guerre entre les Jets et les Sharks, deux gangs rivaux se disputant le contrôle des rues.

Quel plaisir de vous retrouver en 2023 après cette longue absence. Mais les choses devraient changer cette année pour le meilleur, nous l'espérons. Place maintenant à notre toute nouvelle chronique.

On ne présente plus le légendaire réalisateur, producteur Steven Spielberg, magicien du cinéma qui nous surprend toujours en étant là où on ne l'attend pas dans des registres aussi différents les uns que les autres, science-fiction, aventure, histoire. Des "Dents à la mer" à "ET" en passant par "La liste de Schindler", "Duel", "Amistad", "Jurassic Park" et tant d'autres, la liste est trop longue pour être évoquée ici de manière exhaustive. Avec "West Side Story", il s'attaque à un monument des planches et des salles obscures. Un rêve devenu réalité pour celui dont le prochain et 36ème long-métrage "The Fabelmans", qui sort aujourd'hui sur nos écrans, évoque son enfance, période marquante de sa vie, son parcours, aussi déterminante que sa passion du cinéma.

Nous avons tous un livre, une chanson, un film possédant une place particulière dans nos vies, de ceux qu'on lit, écoute, revoit inlassablement. Pour nous, "West Side Story" de Robert Wise et Jerome Robbins en fait partie. Nous le connaissons par cœur, tout comme sa bande-son, inoubliable grâce à la remarquable partition de Leonard Bernstein. Une histoire intemporelle, Roméo et Juliette des temps modernes et bien plus encore puisqu'elle évoque également des sujets toujours malheureusement d'actualité comme le racisme, l'immigration, la tolérance, la difficulté pour les différentes communautés de trouver leur place aux Etats-Unis. Bien que sorti en 1961, le long-métrage n'a pas pris une ride, mené par l'emblématique couple Maria (Natalie Wood) et Tony (Richard Beymer). En incorrigibles romantiques, leur rencontre au bal alors que le monde s'efface autour d'eux est notre scène préférée, magique... Les chorégraphies sont époustouflantes avec George Chakiris en tête, dans un tourbillon de couleurs, de musique, de passion, en plein âge d'or hollywoodien et technicolor. La rivalité des Jets et des Sharks est parfaitement orchestrée jusqu'au dénouement final, inévitable. Seuls points faibles, très courants à cette époque : les acteurs, bien que parfaits, n'avaient bien sûr pas l'âge de leurs personnages et surtout n'interprétaient aucun des très beaux et poignants titres de "West Side Story". Cependant, au vu de la qualité du long-métrage, incontestablement un chef-d'œuvre du 7ème art, culte, devenu une référence, il s'agit là d'un moindre mal. 

Mais revenons au 21ème siècle où les reboots et remakes sont désormais très répandus. L'annonce, dans cette optique, par Steven Spielberg de proposer sa propre version de "West Side Story" (étant lui aussi un grand fan de cette œuvre) a suscité notre étonnement et curiosité. Comment réussir à égaler l'original, voire à nous envoûter davantage alors que la barre avait déjà été placée très haut avec le premier ? Que dire, que faire de plus, même en étant aussi talentueux que Steven Spielberg ? Au final, nous avons vu puis adopté cette nouvelle mouture de "West Side Story". Les acteurs avec la débutante Rachel Zegler (Maria) et le "Baby Driver" Ansel Elgort (Tony) en tête, sont bien plus proches de l'âge de leurs personnages. De plus, ils interprètent eux-mêmes les chansons, contrairement à leurs prédécesseurs, même si les titres ne sont pas insérés dans les mêmes scènes qu'à l'origine. Mention spéciale à Rita Moreno, déjà dans la distribution du 1er "West Side Story", qui revient ici avec un autre rôle et davantage impliquée puisqu'elle devient productrice exécutive.

Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire oublier la version originale avec une relecture plus actuelle, réaliste sans la renier pour autant puisqu'elle en reste proche. Des points positifs indéniables, même si notre côté puriste nous fait peut-être perdre toute objectivité à trop vouloir comparer les deux films.

Disons simplement que Steven Spielberg, en véritable amoureux du 7ème art et de ce film en particulier, nous offre un spectacle sobre, maîtrisé pour une histoire toujours aussi émouvante et touchante. A découvrir aussi bien pour ceux n'ayant pas connu le 1er "West Side Story" qui pourront ainsi se forger leur propre opinion, que pour les aficionados comme nous.

Film "West Side Story" de Steven Spielberg DVD Twentieth Century Fox 2021 

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Film "Respect" de Liesl Tommy DVD MGM/Universal 2021

Publié le par Annie et Kristel

The Queen of Soul...

Depuis quelques années, les biopics, en particulier musicaux, font un retour en force, à l'image notamment de "Bohemian Rhapsody" consacré à Freddy Mercury, leader de Queen, "Rocket Man" sur la vie d'Elton John, "Judy" pour Judy Garland, "Billie Holiday, une affaire d'Etat" ou plus récemment "Elvis" (Elvis Presley, évidemment). Leur particularité est de ne se concentrer, en toute logique, que sur une période précise de leur vie. Aujourd'hui, nous avons décidé de vous parler de l'un d'entre eux, le film "Respect" qui, en ne faisant pas exception à la règle, revient sur une partie du parcours de la grande Aretha Franklin, ou plutôt "The Queen of Soul".

Présentation : Le film suit l'ascension de la carrière d'Aretha Franklin, de ses débuts d'enfant de chœur dans l'église de son père à sa renommée internationale. "Respect" est la remarquable histoire retraçant le parcours de cette grande icône de la musique, interprétée par une Jennifer Hudson au sommet de son talent (Oscarisée en 2006 pour le film "Dreamgirls" en tant que meilleure actrice dans un second rôle). 

Ce n'est pas toujours évident de remonter le temps afin de s'emparer d'un destin hors de commun. Et pourtant, ce pari a été ici tenu avec brio pour nous permettre de connaître la véritable histoire d'Aretha Franklin, petite fille à la voix d'or puis jeune femme devenue Diva, au caractère bien affirmé, élevée dans une famille bourgeoise avec un père pasteur, autoritaire et à la présence surtout écrasante. Orpheline de mère, elle se réfugie très tôt dans la musique, entourée de l'amour et du soutien de ses sœurs. Mais derrière chaque grande artiste comme Aretha se cachent des fêlures qui les poursuivent toute leur vie. Ce fragile équilibre sera donc pour elle de courte durée car sans le savoir, son père va alors faire entrer le loup dans la bergerie pour mieux attaquer l'innocent agneau qu'est Aretha, brisant davantage ses rêves et la changeant à tout jamais. Cette enfant courageuse va affronter l'épreuve des viols répétés d'un proche de son père avant de devenir mère très jeune puis de s'émanciper, tout en restant forte, passionnée par la musique, déterminée à réussir.

Alternant des périodes de hauts et de bas, aimant les extravagances, bijoux, fourrures, Aretha Franklin est une personnalité haute en couleurs, ayant de surcroît une vie privée mouvementée. Qui mieux que Jennifer Hudson pouvait l'incarner ? La chanteuse-actrice avait en effet été révélée dans le film "Dreamgirls" aux côté de Beyoncé, librement inspirée du parcours des Supremes et bien sûr de Diana Ross. Un long-métrage dans lequel Jennifer Hudson y apparaissait comme une évidence, une étoile montante aux capacités vocales indéniables. Un charisme toujours présent dans "Respect" où elle donne littéralement vie et voix au personnage, interprétant toutes les chansons devenues cultes elle-même. Un point positif, assurément, pour une artiste impliquée dans ce projet, allant même jusqu'à en être un des productrices exécutives.

A ses côtés, "Respect" bénéficie d'un casting cinq étoiles : Forrest Whitaker, toujours au sommet de son art, est bluffant dans le rôle du père d'Aretha, sévère et pourtant pilier de sa vie, sa carrière, tout comme Audra McDonald, parfaite en incarnation d'une figure maternelle essentielle, guide pour Aretha. Marlon Wayans, échappé de la saga "Scary Movie", se glisse aisément dans la peau du conjoint violent de la Reine de la soul, ainsi que Mary J. Blige (récemment vue au dernier Superbowl aux côtés d'Eminem, Dr Dre, Snoop Dogg et Kendrick Lamar), également chanteuse-actrice, s'avère ici surprenante en rivale d'Aretha.

Indépendamment de la mini-série "Genius" sur Disney +, également consacrée à Aretha Franklin, "Respect" revient sur les premiers pas et la consécration de cette artiste au don exceptionnel, qui a su partager avec son public ses inspirations et son amour inné de la musique. Une véritable réussite...

Film "Respect" de Liesl Tommy DVD MGM/Universal 2021

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Film "Damien veut changer le monde" de Xavier De Choudens DVD Apollo Films/Warner 2018/2019

Publié le par Annie et Kristel

Une comédie feel good mais pas que...

Vous avez envie de vous changer un peu les idées tout en réfléchissant à une façon efficace d'améliorer notre société ? Le film "Damien veut changer le monde" est l'occasion rêvée de méditer sur ce thème.

l'histoire : Damien et sa sœur Mélanie ont vécu une enfance bercée par les engagements militants de leurs parents. Vingt ans plus tard, Damien, devenu surveillant dans une école primaire, mène une vie tranquille. Un jour, pour sauver l'un de ses élèves et sa mère d'une expulsion de territoire, Damien convainc Mélanie, son meilleur ami Rudy et une bande de potes improbable de l'aider. Ils vont enfreindre la loi par solidarité. Et très vite se faire complètement dépasser...

"Damien veut changer le monde", réalisé par Xavier De Choudens, est une comédie sociale façon Ken Loach à la française, cependant traitée de façon plus légère, partiellement inspirée d'une histoire vraie mais à l'issue plus heureuse. Le réalisateur s'est beaucoup investi par le biais d'un important travail de recherches et de rencontres avec des associations, travailleurs sociaux, avocats. Ayant intégré la sélection officielle du festival de l'Alpe d'Huez 2019, le film aborde un sujet brûlant d'actualité, l'avenir des migrants dans notre pays, à travers le regard de Damien qui veut tout faire pour les aider, quitte à contourner à sa manière, touchante et maladroite, les règles établies au nom de la générosité et surtout de l'altruisme. Comment ne pas penser au sort de nombreux réfugiés, et plus récemment les Ukrainiens, que l'Europe a accueilli et aidé ? Même si l'œuvre a été tournée avant ces événements dramatiques, impossible de ne pas y voir un rapprochement involontairement prémonitoire.

Franck Gastambide se glisse aisément dans la peau du doux rêveur Damien (un rôle écrit spécialement pour lui) en prouvant toute l'étendue de son talent et la diversité de son répertoire, différent de la célèbre saga "Taxi" par exemple, "Pattaya" ou la série orientée rap "Validé" récemment diffusée sur Canal +, dont il est à l'origine, ayant révélé Hatik. A ses côtés, son ami Rudy qui le suit dans cette aventure, est interprété par le rappeur/acteur et auteur Gringe, dont nous vous parlons régulièrement sur le blog, pour son expérience au sein des Casseurs Flowters, les sorties de son excellent album "Enfant Lune" et l'émouvant livre témoignage sur sa relation avec son frère schizophrène intitulé "Ensemble, on aboie en silence". Viennent s'ajouter à cette distribution Youssef Hajdi, la révélation Melisa Sözen, Patrick Chesnais, parfait dans le rôle du père de Damien, Claire Chust ("Scènes de ménage"), sans oublier la comédienne Liliane Rovère, échappée de "10%", et l'humoriste/actrice/chanteuse Camille Lellouche, auxquelles nous avons déjà consacré deux chroniques, pour la première sa brillante autobiographie très jazzy, "La folle vie de Lili", et pour la deuxième son duo sensible avec Grand Corps Malade, dévoilant une autre facette de sa personnalité, sur "Mais je t'aime".

"Damien veut changer le monde", bien plus qu'une comédie, une fable des temps modernes...

Film "Damien veut changer le monde" de Xavier De Choudens DVD Apollo Films/Warner 2018/2019

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Film "Teen Spirit" de Max Minghella DVD Metropolitan 2018/2019

Publié le par Annie et Kristel

Croire en ses rêves...

Le printemps est de retour avec des promesses de beaux jours malgré une actualité mondiale plutôt anxiogène. Afin de se changer un peu les idées, nous avons pensé vous proposer de découvrir le film méconnu "Teen Spirit" avec Elle Fanning dans le rôle principal, dont la particularité est d'évoquer avec originalité et réalisme le rêve de gloire d'une artiste en herbe tentant sa chance dans un télé-crochet...

L'histoire : Violet, une adolescente passionnée par le chant, rêve de quitter sa ville et de devenir pop star. Accompagnée d'un mentor improvisé, elle participe aux auditions de "Teen Spirit", un télé-crochet national. Une expérience qui mettra à l'épreuve son intégrité, son talent et son ambition...

"Teen Spirit" fait partie de ces films qui passent malheureusement inaperçus en dépit de la qualité narrative et du message d'espoir qui s'en dégagent, dans un contexte plus proche de la réalité que d'autres "Success Story", certes aussi agréables à regarder mais à la véracité dont on pourrait facilement douter. Une production typiquement européenne dans le plus pur style cinématographique/musical que nous apprécions et dont nous vous avons déjà parlé sur le blog, à l'instar de "Wild Rose" où l'héroïne se bat pour réaliser ses rêves, s'imposer, s'améliorer, se remettre en question.

"Teen Spirit" marque la première expérience réussie de réalisation pour le comédien Max Minghella (fils du grand Anthony), connu notamment pour ses incarnations de Divya Narendra dans "The Social Network" et surtout le chauffeur Nick Blaine dans la série à succès "The Handmaid's tale" alias "La servante écarlate". Un regard frais, nouveau qui explique en partie le point de vue du long-métrage qui se veut intimiste, à l'ambiance tamisée, feutrée.

Mais l'atout majeur incontestable de cette production est évidemment la présence de l'actrice/mannequin Elle Fanning, sœur de Dakota (et bien plus que cela) qui s'est totalement impliquée au service de son personnage, Violet. En effet, celle-ci interprète elle-même plusieurs chansons présentes dans la BOF, reprenant de nombreux titres connus. On peut citer notamment "Lights" d'Ellie Goulding, "Wildflower" de Carly Rae Jepsen ou "Dancing On My Own" de Robyn.

Afin d'épauler la tête d'affiche, Max Minghella a fait appel à un acteur croate chevronné, Zlatko Buric pour le rôle de Vlad. Ce comédien a été révélé par Nicolas Winding Refn (réalisateur du film "Drive" avec Ryan Gosling), dans sa géniale trilogie "Pusher" où il y incarnait Milo, un gangster implacable et violent.

Enfin, le producteur de "Teen Spirit", film musical par excellence, n'est autre que Fred Berger, déjà à l'origine de "La La Land". L'acteur Jamie Bell, révélé par "Billy Elliot", officie quand à lui au poste de producteur délégué sur le long-métrage.

"Teen Spirit", un film qui sort des sentiers battus, tout en abordant un sujet universel, la quête de réussite et du bonheur afin d'oublier un quotidien morose. Croire en ses rêves pour pouvoir enfin les vivre...

Film "Teen Spirit" de Max Minghella DVD Metropolitan 2018/2019 

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Film "Nowhere Boy" de Sam Taylor-Wood DVD Warner Bros 2011

Publié le par Annie et Kristel

John avant Lennon ou sa jeunesse entre la musique et son amitié avec Paul McCartney.

L'histoire : John Lennon a grandi dans une famille pleine de secrets. Élevé par sa tante Mimi, il retrouve à l'adolescence sa mère, Julia. Arrivé en âge de comprendre le mystère qui a déchiré ces deux sœurs, John veut les réconcilier. Une paix fragile s'installe, aussitôt ruinée par une tragédie. Mais sa mère a aussi légué à John un don précieux : la musique, grâce à laquelle ce jeune homme tourmenté va enfin trouver sa voie.

"Nowhere Boy" est un biopic retraçant les débuts des Beatles, en particulier à travers le parcours de John Lennon entouré de ses deux amis, George Harrison et surtout Paul McCartney. Basé sur les mémoires de Julia Baird, la belle-sœur de John Lennon, il est le premier long-métrage réalisé avec passion par Sam Taylor-Wood, qui n'avait alors à son actif que des courts-métrages expérimentaux dont "Love You More" primé par une Palme d'Or. Avant "Nowhere Boy", les films "Chapitre 27" avec Jared Leto et "The killing of John Lennon" d'Andrew Piddington, avaient déjà été consacrés à l'ex-Beatles sans pour autant traiter de sa période juvénile, avant qu'il n'intègre le groupe qui forgera sa renommée.

Sam Taylor-Wood a d'ailleurs reçu le soutien du réalisateur Anthony Minghella, disparu en 2008. "Nowhere Boy" lui est ainsi dédié. Pour parfaire le tout, le scénariste Matt Greenhalgh, à l'œuvre sur ce film, avait déjà collaboré à l'écriture d'un autre long-métrage musical avec "Control" d'Anton Corbijn, qui relatait la vie du chanteur Ian Curtis. L'un des défis de "Nowhere Boy" a été de reconstituer le Liverpool des années 50, peu de temps après la Seconde Guerre Mondiale. L'aspect final n'a cependant pas été gris, sombre, comme on aurait pu s'y attendre, mais élaboré afin de renvoyer directement vers la psychologie du jeune John Lennon.

La bande originale du film a de son côté été enregistrée dans les mythiques studios d'Abbey Road qui ont accueilli au cours des 60's plusieurs enregistrements d'albums des Beatles dont le fameux éponyme "Abbey Road". L'autre point positif de "Nowhere Boy" se caractérise par son casting, à commencer par Aaron Johnson qui a hérité du rôle de John Lennon, même si la ressemblance avec l'ex-Beatles n'est pas évidente. Mais la justesse de son interprétation d'un personnage si complexe avec ses failles, sa fragilité, son mal-être dans une existence où il ne parvient pas à trouver sa place, jusqu'à ce que la musique vienne illuminer son quotidien, apporte une force authentique au long-métrage.

Pour l'anecdote, Aaron Johnson a suivi une formation en amont du tournage afin de pouvoir assurer lui-même les passages musicaux. Il faut dire que Sam Taylor-Wood avait une idée très précise de l'acteur qu'elle voulait pour le rôle. En auditionnant Aaron, alors en plein tournage de "Kick-Ass", son allure, sa sensibilité, son phrasé emprunté à celui du musicien lui ont fait comprendre qu'elle venait de trouver son John Lennon. Une alchimie artistique ayant rejoint la réalité puisque Sam, devenue depuis Sam Taylor-Johnson, et Aaron se sont fiancés après le tournage, avant de se marier.

Seuls petits bémols dans cette composition presque parfaite : John Lennon avait les yeux marrons et non bleus comme c'est le cas dans "Nowhere Boy". De plus, Aaron Johnson, du haut de ses 20 ans, est en réalité plus âgé de 5 ans que son illustre personnage, John Lennon à 15 ans. Une excellente prestation qui lui a cependant permis de remporter l'Empire Award du jeune acteur.

 N'oublions pas les interprétations féminines remarquées de Kristin Scott Thomas, impeccables, dans le rôle de Mimi, la tante de John, et Anne-Marie Duff, qui campe Julia, la mère de celui-ci, auxquelles viennent s'ajouter deux des futurs membres des Fab Four, dont l'autre leader, Paul McCartney, incarné par Thomas Sangster ("Nanny McPhee", "Love Actually") et George Harrison, joué par Sam Bell dont c'était ici le premier film.

"Nowhere Boy", un biopic réussi sur une partie méconnue du parcours de John Lennon, avec un Aaron Johnson touchant. Le film nous permet de mieux comprendre la personnalité torturée du musicien entré depuis dans la légende, rebelle, toujours en quête de lui-même et du sens de sa vie, ainsi que la dualité John Lennon/Paul McCartney, si complémentaires dans leur créativité, que pourtant tout sépare déjà, excepté un drame similaire.

Un long-métrage intimiste, davantage centré sur la famille que la musique (le nom Beatles n'existant pas encore), ce que certains ont déploré, et se terminant bien trop vite, juste avant le départ des Fab Four pour Hambourg, là où tout va commencer.

A noter que "Nowhere Boy" est sorti aux USA le 8 octobre 2010, veille du 70ème anniversaire de John Lennon, devenu une source d'inspiration pour de nombreux autres musiciens, afin de lui rendre hommage. Malheureux hasard, une autre date comportant le chiffre 8 (8 décembre 1980), voyait disparaître ce grand artiste, épris de liberté et de paix, sauvagement assassiné par un "fan" qu'il avait déjà rencontré pour un autographe gentiment accordé, en toute confiance. John Lennon restera inoubliable par son charisme, ses mélodies, brillant pour l'éternité au firmament de la musique, loin d'un "Nowhere Boy".

Film "Nowhere Boy" de Sam Taylor-Wood DVD Warner Bros 2011

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Film "Une sirène à Paris" de Mathias Malzieu DVD Sony 2019/2020

Publié le par Annie et Kristel

Après "Jack et la mécanique du cœur", Mathias Malzieu du groupe Dyonisos nous emporte une nouvelle fois dans un univers créatif merveilleux...

L'histoire : Crooner au cœur brisé, Gaspard s'était juré de ne plus retomber amoureux. Quand à Lula, jolie sirène, elle n'a que le chant pour se défendre des hommes, en faisant s'emballer leur cœur jusqu'à l'explosion. Lorsque la Seine en crue vient déposer Lula au pied du Flowerburger, la péniche-cabaret où chante Gaspard, c'est un mini-tsunami qui va bouleverser leur existence. Lui, l'homme qui a souffert d'avoir trop aimé, et elle, la créature qui n'a jamais connu l'amour, vont apprendre à se découvrir et à chanter d'une même voix...

En choisissant de porter à l'écran son roman éponyme "Une sirène à Paris", comme cela avait été le cas avec "Jack et la mécanique du cœur", le musicien-acteur-réalisateur-auteur Mathias Malzieu, leader et chanteur du groupe Dyonisos, nous livre ici un conte moderne à la fois tendre, drôle, baroque, mais surtout réaliste, avec Paris, ville lumière en guise de décor. Pour Mathias, l'élément déclencheur a été la crue des berges de Seine survenue en 2016. Le paysage lui est apparu magnifié, aussi dangereux que poétique. En formidable conteur capable de nous surprendre et de nous émouvoir, il a alors eu l'envie d'écrire une comédie romantique et décalée à la façon d'un film de Frank Capra avec une sirène et un chanteur de cabaret pour héros, qui reste contre toute attente insensible au son de sa voix envoûtante et fatale.

Une alchimie qui fonctionne à merveille entre Nicolas Duvauchelle dans le rôle de Gaspard (à la belle carrière cinématographique depuis l'excellente série "Braquo", et récemment apparu dans le clip de Camélia Jordana "Silence") et Marilyn Lima, parfaite d'innocence énigmatique dans celui de Lula.

Bien sûr, la musique occupe également une place importante au sein du film. Le réalisateur en a écrit les titres, ceux de Gaspard, du Flowerburger, de la rencontre, et a composé le thème de Lula avec lequel elle tue, repris dans le refrain de la chanson "Une sirène à Paris", qui permettent d'en apprendre davantage sur les personnages et leur passé. Elles sont toutes interprétées par les acteurs, ravis par cette perspective qui demeurait un véritable challenge.

Pour Marilyn Lima, le défi de se glisser dans la peau d'une sirène a été comme plonger dans un autre univers. Entre la perruque, les deux heures de maquillage par jour, et le temps passé dans la baignoire dont l'eau devait être régulièrement réchauffée, elle a dû s'habituer à enfiler rapidement son costume et à privilégier dans son jeu d'actrice le haut du corps et les expressions de son visage.

 Cette histoire est la transposition d'une déception sentimentale ayant meurtri Mathias Malzieu au point qu'il a cru ne plus jamais pouvoir retomber amoureux. La sirène a été une métaphore de cette réalité qui enchante le réel avec une femme bien trop belle. Il devait inscrire ce récit dans un "réalisme magique", un conte certes, qui ne se déroulerait pas dans un lieu fascinant et inconnu mais à Paris dont le seul élément surnaturel et fantastique serait la sirène.

Pour Mathias Malzieu, les décors ont été capitaux, "Une sirène à Paris" étant son premier long-métrage en prises de vues réelles. Créer une atmosphère particulière à été essentielle afin de mieux s'immerger dans un monde magique reflétant l'esprit de Gaspard et des Surprisiers, avec son petit appartement ressemblant à une annexe du Flowerburger à laquelle s'ajoutent des détails propres à un célibataire vivant dans un atelier d'artiste. L'inspiration est également venue de cadres naturels. Le tournage extérieur et les scènes au restaurant ont été filmés à Paris. L'aquarium est celui du Trocadéro dont l'équipe a juste réaménagé certains emplacements, et les salles de bains ont été construites en studio.

Le casting joue un rôle primordial dans cette fable oscillant entre mélancolie et fantaisie avec également l'une des égéries de Pedro Almodovar, Rossy De Palma, toujours aussi tourbillonnante et fantasque, l'impérial Tcheky Karyo, Romane Bohringer, extraordinaire dans sa quête de vérité, le touche-à-tout Alexis Michalik dans un rôle surprenant, sans oublier Rodolphe Pauly.

A noter que le neuvième album de Dyonisos "Surprisier" a été écrit durant la conception du film "Une sirène à Paris", et comporte de nombreuses allusions au long-métrage même si il peut aussi s'apprécier de manière indépendante. Surprisier est en fait le joli terme inventé par Mathias Malzieu pour "Une sirène à Paris" afin de définir celles et ceux dont l'imagination peut changer le monde.

Avec "Une sirène à Paris", Mathias Malzieu accroche une nouvelle étoile à son univers poétique, celle de l'aventure parisienne d'une petite sirène d'aujourd'hui qui séduit par la douceur trompeuse de sa mélodie, et d'un amour impossible entre deux êtres que tout oppose. Une rêverie bien plus qu'un film...

Film "Une sirène à Paris" de Mathias Malzieu DVD Sony 2019/2020

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Film "Wild Rose" de Tom Harper DVD M6 Vidéo 2019

Publié le par Annie et Kristel

"Wild Rose" est un film dont on a malheureusement peu parlé, si ce n'est pour le comparer à "A Star Is Born" avec le talentueux couple vedette Lady Gaga et Bradley Cooper, dont il est le parfait opposé, avant tout parce qu'il s'agit ici d'un long-métrage anglais avec un point de vue différent, plus intimiste et social, proche de Ken Loach, où la musique country y est reine. Deux facettes d'un même rêve de gloire...

L'histoire : Récemment sortie de prison et de retour auprès de ses deux enfants, Rose-Lynn n'a qu'une obsession : quitter Glasgow pour devenir chanteuse de country à Nashville. Hésitant entre sa passion et son rôle de mère, la jeune femme va devoir faire des choix.

Pas évident de concevoir un récit où la vedette est la musique country, tant elle souffre d'une mauvaise image, considérée à tort comme ringarde. Pourtant, ce film relève le pari avec brio. Le scénario de Nicole Taylor, véritable fan de ce style depuis l'âge de douze ans, n'y est pas étranger. Elle s'est inspirée de sa propre passion afin d'écrire "Wild Rose" et en a situé l'action dans sa ville, Glasgow. Nicole Taylor décrit la country, son exutoire, ainsi : "Une musique plaisant beaucoup aux gens qui n'ont pas l'habitude de faire part de leurs sentiments. Mais quand ils entendent de la country, une musique pure et brute qui n'a pas peur d'être sentimentale, ils vivent une expérience cathartique."

Outre son affection pour la country, Nicole Taylor a imaginé le personnage de Rose-Lynn en pensant à la prestation d'une candidate de télé-crochet, mère de cinq enfants dont deux placés dans des institutions. La scénariste s'est posée la question de savoir si cette jeune femme devait choisir entre sa passion et sa vie de famille. Une interrogation demeurée sans réponse.

Etonnant clin d'œil du destin quand on sait que l'interprète de Rose-Lynn, Jessie Buckley a aussi participé au télé-crochet britannique "I'd Do Anything" en 2008 sur la BBC, dont elle a été finaliste. C'est le réalisateur Tom Harper qui a eu l'idée de solliciter Jessie Buckley qu'il avait déjà dirigée dans la mini-série "Guerre Et Paix". Pour lui, c'était une évidence quand il a découvert le personnage, fait pour cette brillante comédienne et chanteuse. Quasie-inconnue lors du casting de "Wild Rose", Jessie Buckley n'était pas le premier choix des producteurs, et Tom Harper a dû de battre pour l'imposer.

Une décision judicieuse. Preuve en est avec son émouvante interprétation de Rose-Lynn, tour à tour immature, drôle, agressive, sûre d'elle et vulnérable. La force du film réside dans son audace à dépeindre les défauts et les égarements du rôle pour la rendre plus humaine, crédible, en définitive proche de nous. Certes, Rose-Lynn n'est pas parfaite mais ce sont ses erreurs qui vont lui permettre d'avancer, se remettre en question, comprendre ses priorités en accordant plus de temps à sa famille, quitter sa condition sociale difficile sans pour autant renoncer à ses rêves.

Face à Jessie Buckley, Julie Walters interprète Marion, la mère de Rose-Lynn, un véritable pilier dans sa vie, une femme bouleversante, guidée par ses convictions et son amour pour sa fille et ses petits-enfants.

Question musique, le compositeur et superviseur musical Jack Arnold a envoyé à Jessie Buckley, qui n'était jusqu'alors pas familière avec la country, une liste de huit artistes emblématiques de ce style. Elle les a aussitôt écouté, particulièrement séduite par Emmylou Harris et Bonnie Raitt. Nicole Taylor et Jessie Buckley ont écrit les superbes chansons du film comme s'il s'agissait du premier album de Rose-Lynn. Une expérience incroyable et naturelle pour les deux femmes grâce à leur amour commun pour la musique, véritable complicité artistique.

Le tournage de "Wild Rose" s'est déroulé à Glasgow et Nashville, deux villes où la musique y tient une place d'honneur. Glasgow est d'ailleurs classée au patrimoine mondial de l'UNESCO pour la musique, tandis que Nashville est l'un des grands centres de l'industrie du disque aux Etats-Unis, en particulier country. L'équipe y a investi le Ryman Auditorium, salle de concert mythique de Nashville où se sont notamment produits Johnny Cash, Dolly Parton, Emmylou Harris ou encore Elvis Presley alias The King. Un temple encore empreint de la présence de tous ces grands musiciens, pour une très belle scène du film, un moment-clé.

Plus surprenant, la magnifique chanson finale de "Wild Rose" a été écrite par l'actrice Mary Steenburgen. Parmi la centaine de propositions reçues par Universal music, émanant notamment d'artistes de Nashville, celle de la comédienne a séduit l'équipe par sa sincérité et sa causticité, sans doute parce que son auteure, grâce à son métier, a pu mieux comprendre leurs attentes en signant un texte sublime.

"Wild Rose", un long-métrage qui nous fait passer du royaume de l'ombre à la lumière avec une BOF exceptionnelle, portée par la voix poignante de Jessie Buckley chantant son désespoir pour mieux atteindre les étoiles...

Film "Wild Rose" de Tom Harper DVD M6 Vidéo 2019

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Film "Killing Bono" de Nick Hamm DVD Pyramide Video 2011

Publié le par Annie et Kristel

Dublin 1976. Les frères McCormick voulaient être plus célèbres que Bono. Découvrez leur étonnant parcours avec "Killing Bono", une comédie Pop-Rock de Nick Hamm, inspirée de faits réels.

L'histoire : Neil McCormick n'en doute pas, une vie de star l'attend. Avec son frère Ivan, il fonde Shook Up !, le plus grand groupe de rock du monde. Au même moment, Paul, leur camarade de classe, créé sa propre formation, U2, et se fait désormais appeler Bono. Mais Neil est persuadé que Paul n'a pas l'étoffe d'un grand, et que dans son ascension vers la gloire, Shook Up ! laissera U2 loin derrière lui.

Ci-dessus : le groupe U2 dans le film "Killing Bono"

Qui ne connaît pas "In The Name Of Love", "Sunday Bloody Sunday", "With Or Without You", "One", et bien d'autres titres de U2 qui ont fait leur renommée grâce à des textes inspirés, engagés, au son si caractéristique de la guitare de The Edge, comme un cheval au galop, ainsi qu'au charisme du leader, Bono. Ce film est justement l'occasion de vous faire découvrir les débuts de ce groupe devenu mythique, qui remplissait encore récemment les stades par leur simple nom. Attention, "Killing Bono" n'est cependant pas un biopic consacré à U2. Les véritables héros sont en fait les frères McCormick, le scénario, écrit en étroite collaboration avec des proches du band U2, s'inspirant de l'autobiographie "I Was Bono's doppelganger" signée Neil McCormick. D'ailleurs, le nom du long-métrage est une référence à une plaisanterie entre Neil et Bono, ce dernier affirmant être le double maléfique de Neil, un doppelganger, donc, qu'il devait tuer pour récupérer sa vie. 

Ci-dessus : les frères McCormick dans "Killing Bono"

Situé entre 1976 et 1987, "Killing Bono" dresse le portrait de musiciens aux grandes ambitions mais qui vont très vite déchanter, tout en restant fidèles à leurs convictions. Rythmée par une BOF énergique à la hauteur du sujet comportant de véritables chansons de Shook Up ! retravaillées à la demande du réalisateur afin d'être moins 80's, plus actuelles, tout en conservant leur style entre Elvis Costello et Dollar, le film, contrairement à ce que laisse penser son titre, est une comédie douce-amère, alternant scènes drôles, parfois volontairement exagérées, et certaines plus touchantes. L'acharnement d'Ivan et surtout de Neil, leur obstination, animés par l'énergie du désespoir, éclipsent quasiment U2, qui semble presque fade à côté d'eux. Il faut dire que l'interprétation des acteurs y est pour beaucoup : Ben Barnes, loin du Prince Caspian dans la saga "Le Monde de Narnia" et actuellement dans la série "The Punisher", est époustouflant dans le rôle de Neil, loser magnifique, tout comme Robert Sheehan, découvert dans la série "Misfits", qui campe son frère Ivan.

Ci-dessus : Ben Barnes (Neil McCormick)

Krysten Ritter, vue dans les excellentes séries "Breaking Bad" et "Jessica Jones" dans laquelle elle tient le rôle principal, tire également son épingle du jeu grâce au personnage de Gloria. Martin McCann s'avère quand à lui convaincant en énigmatique Bono.

Ci-dessus : Ben Barnes (Neil McCormick) et Krysten Ritter (Gloria)

Enfin, n'oublions pas le grand Pete Postlethwaite, parti bien trop tôt, dont "Killing Bono" a été le dernier long-métrage. Celui-ci devait d'ailleurs à l'origine avoir un plus grand rôle, mais en raison de sa maladie, le réalisateur Nick Hamm a décidé de lui en écrire un nouveau, celui, très surprenant, de l'excentrique Karl.

Ci-dessus : Ben Barnes (Neil), Pete Postlethwaite (Karl) et Robert Sheehan (Ivan)

Pour la petite histoire, Bono a surtout apprécié le début du film qui évoquait leur jeunesse commune. Quand on y pense, Shook Up ! a joué de malchance, notamment lors de leur première prestation dans une grande salle de Londres, programmé le même jour que le Live Aid, concert de charité historique.

Bien sûr, au final, Neil n'est pas devenu la légende du rock qu'il escomptait, mais un critique musical réputé du journal anglais "The Daily Telegraph", également auteur de la biographie du groupe "U2 par U2", ce qui est déjà en soi une belle revanche. De son côté, Ivan considère que tout s'est passé exactement comme dans le long-métrage. Lors de l'avant-première à Dublin, Neil lui a chuchoté à l'oreille : "Tu vois, on y est arrivé. Ça nous a juste pris un peu plus de temps que je ne le pensais."

"Killing Bono", ou rebaptisé "Killing Myself" par Bono, un film intimiste, qui vous fera voyager sur les terres d'Irlande, baignées par la musique de U2 et de Shook Up !, bien sûr...

Film 'Killing Bono" de Nick Hamm DVD Pyramide Video 2011

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Film "Ça Chapitre 2" de Andy Muschietti DVD Warner Home Video 2019

Publié le par Annie et Kristel

Souvenez-vous de notre chronique consacrée au premier volet de "Ça", dans laquelle nous vous exprimions notre impatience de découvrir la suite. C'est aujourd'hui chose faite pour un résultat à la hauteur de nos espérances.

L'histoire : 27 ans après la victoire du Club des ratés sur Grippe-Sou ou Pennywise (parmi ses nombreux surnoms), le redoutable clown est de retour. Désormais adultes, les membres du groupe ont presque tous quitté la petite ville de Derry et tenté de fuir leurs mauvais souvenirs. Cependant, lorsque de nouvelles disparitions sont signalées, Mike, le seul à être demeuré sur place, demande à ses amis de le rejoindre. Traumatisés par leur expérience du passé, ils doivent faire face à leurs peurs les plus profondes pour détruire définitivement Ça et la menace permanente qu'il représente.

"Ça Chapitre 2" clôture en beauté l'aventure Pennywise, même si les avis sont partagés entre les spectateurs et les journalistes. Là où certains apprécient à juste titre de retrouver un univers proche des romans signés du maître de l'horreur Stephen King, un monstre plus présent, des effets spéciaux maîtrisés sans surenchère, d'autres lui reprochent sa durée qui étire l'action et prend le temps de montrer l'évolution des personnages. Pas facile de reprendre l'histoire 27 ans plus tard avec des enfants devenus adultes. Une étape véritablement délicate, pas forcément au goût de tous.

Pourtant, toujours réalisé par Andrés Muschietti (devenu Andy) avec la collaboration de sa sœur Barbara, tous deux admirateurs de Stephen King (dont ils vont aussi produire l'adaptation d'un autre de ses ouvrages, "Chantier"), "Ça Chapitre 2" propose une suite aussi réussie que le premier volet en faisant allusion aux événements précédents de façon chronologique et structurée, tout en insistant sur la manière dont l'attachant Club des ratés les ont vécu, entre souvenirs, angoisses, courage d'affronter ses craintes pour mieux les vaincre, ensemble, que l'on soit petit ou grand, car devoir anéantir Grippe-Sou n'est pas plus facile dans les deux cas.

Le film est porté par un casting de choix : Jessica Chastain qui retrouve Andy Muschietti après "Mama" en 2013, James McAvoy de "The X Men", Jay Ryan de la série "Beauty And The Beast", l'acteur-réalisateur Xavier Dolan, et bien sûr Bill Skarsgård, remarquable en Pennywise, plus effrayant que jamais, également présent dans la 1ère saison de la série "Castle Rock", inspirée de... Stephen King, of course.

Justement, notons l'apparition surprise de Stephen King himself dans le rôle d'un vendeur d'objets d'occasion. Preuve que "Ça Chapitre 2" a été validé par son créateur, celui-ci n'apparaissant que dans des adaptations de ses œuvres qu'il juge à la hauteur où de séries qu'il aime comme son cameo dans "Sons Of Anarchy".

Il se murmure même qu'un troisième volet de "Ça" serait en projet, avec Andy Muschietti à la réalisation et Bill Skarsgård, toujours dans le rôle de Grippe-Sou, qui reviendrait sur les origines du monstre, indépendant de la saga de Stephen King.

Ça n'a peut-être pas encore dit son dernier mot...

Film "Ça Chapitre 2" de Andy Muschietti DVD Warner Home Video 2019

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Film "Joker" de Todd Phillips DVD Warner Bros 2019/2020

Publié le par Annie et Kristel

Et si pour une fois, les spectateurs se glissaient dans la peau du méchant ? C'est ce que propose "Joker", le film événement que nous attendions de voir avec curiosité. Car "Joker", l'un des ennemis jurés de Batman, à la fois terrifiant et paradoxalement si vulnérable, était au départ simplement un homme brisé, qui aurait pu avoir un destin bien différent. Après tout, pour affronter son adversaire, il faut d'abord apprendre à connaître ses failles...

L'histoire : Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), comédien de stand-up en galère, est agressé alors qu'il déambule dans les rues de Gotham, déguisé en clown afin de subvenir à ses besoins ainsi qu'à ceux de sa mère malade (l'impeccable Frances Conroy de "Six Feet Under" et "American Horror Story"). Méprisé, bafoué et tourné en ridicule, il sombre peu à peu dans la folie jusqu'à devenir "Joker", le Joker, un dangereux tueur psychopathe. Mais qui est-il réellement ? Quelles sont ses motivations ? Pourquoi agit-il ainsi ?

 Le long-métrage devenu culte répond à ces questions en nous dépeignant ce personnage avant qu'il ne devienne le criminel que tout le monde connaît. Au début de "Joker", on découvre cet homme dans son quotidien aussi morne que sa ville, Gotham, d'abord en homme-sandwich puis en comique pour enfants malades. Mais tout au fond de lui, son rêve le plus fou est de monter sur les planchers sous les applaudissements d'un public conquis.

Arthur voudrait être un véritable humoriste. Pas facile quand on est atteint du syndrome pseudo-bulbaire qui l'empêche de contenir son rire et gâche ses interventions comiques. Au fur et à mesure, cette hilarité incontrôlée devient de plus en plus démoniaque. A la place d'une belle carrière dans le stand-up, Arthur gravit les échelons du crime et de la folie. "Joker" est né...

Todd Phillips nous révèle à sa manière, par un film qui ne s'inscrit dans aucune continuité par rapport aux autres éléments de la franchise "Batman" de DC Comics, les origines de ce super vilain, qui a suscité bien des fantasmes au cours de ces dernières années à travers les comics, séries et films. Raconter les fêlures du clown à l'éternel sourire et à l'inquiétant rire devenu sa signature, exigeait un contexte et le réalisateur a choisi de le mettre en scène dans un Gotham réaliste et dans une époque précise, le début des années 1980. Pas étonnant qu'Arthur se retrouve à Arkham au milieu du film. Mais l'asile d'aliénés des comics "Batman", connu pour son architecture gothique, ressemble ici à un hôpital rongé par les coupes budgétaires. Les scènes dans les couloirs ont d'ailleurs été tournées au sein d'un authentique établissement de santé situé dans le Bronx. Alors qu'il enchaîne les déboires professionnels, les pages de ses cahiers qu'il utilise pour écrire ses sketchs se remplissent de pensées de plus en plus noires, à l'image de Gotham qui broie les plus faibles, en écho à la vision que se fait Arthur du monde extérieur.

Violence, misère, contexte familial compliqué, Arthur évolue au milieu d'une série de circonstances atténuantes. Loin de tout justifier, cet environnement délétère nous fait entrer dans la tête du personnage, accéder à ses pensées et comprendre comment il en est arrivé là.

 Une mère malade, manipulatrice, mythomane, violente, l'absence d'image paternelle, l'ombre de la famille Wayne et en particulier d'un certain Bruce qui plane déjà au dessus de lui, une vie sentimentale inexistante malgré son amour non partagé pour sa voisine seront des facteurs déclencheurs de sa démence.

Ses séances avec une psychologue municipale lui permettant de tempérer ses angoisses et de continuer son lourd traitement médical, seront hélas interrompues, faute de budget, ce qui précipitera sa descente aux enfers. Côté travail, ce n'est pas mieux : des emplois ingrats aggravés par sa pathologie (son impossibilité à contenir son rire), d'où de constantes agressions et humiliations qui finiront par le faire renvoyer. Pour couronner le tout, un célèbre présentateur de talk-shows qu'admire sa mère (magnifiquement interprété par le grand Robert De Niro) se rapproche d'Arthur pour de mauvaises raisons, et en paiera le prix dans sa propre émission.

Evoluant entre réalité, hallucinations et frustration, Joaquin Phoenix est époustouflant dans le rôle d'Arthur. Il parvient à nous faire éprouver de l'empathie et de la compassion pour un personnage complexe mais également dévoué et plein de bonnes intentions. Après Jack Nicholson, le regretté Heath Ledger, Jared Leto et Cameron Monaghan (de la série "Gotham"), les précédents interprètes du Joker, Joaquin Phoenix s'est complètement investi dans son incarnation d'Arthur Fleck, allant jusqu'à perdre de nombreux kilos. Sa maigreur effarante contribue à adhérer au mal-être d'Arthur. Un acteur caméléon qui n'hésite pas à prendre régulièrement des risques, à la façon de Christian Bale, l'un des Batman, justement. L'Oscar du meilleur acteur remporté par Joaquin Phoenix en 2020 pour cette interprétation est amplement mérité.

Todd Phillips a réussi le pari audacieux, sans effets spéciaux, de nous faire partager l'intimité, non pas d'un super-héros, mais d'un futur tueur machiavélique en nous rappelant que les méchants les plus terrifiants sont ceux qui nous sont les plus proches. Car n'oublions pas que malgré la détresse qui se lit sur le visage d'Arthur, il deviendra le symbole du mal absolu...

Film "Joker" de Todd Phillips DVD Warner Bros 2019/2020

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