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L'énigmatique "Club des 27"

Publié le par Annie et Kristel

"Le Club des 27", hasard ou fatalité ?

​​​De gauche à droite : Janis Joplin, Kurt Cobain, Jim Morrison, Jimi Hendrix, Amy Winehouse et Brian Jones

Après une longue absence indépendante de notre volonté, nous avons souhaité aujourd'hui vous proposer un sujet auquel nous pensions depuis longtemps : le tristement célèbre et mystérieux "Club des 27" dont la particularité est d'accueillir régulièrement de nouveaux membres parmi les artistes de toutes catégories, et en particulier de nombreux musiciens. Comme vous l'aurez compris, la liste complète du "Club des 27" étant hélas trop longue, nous ne pouvons pas la publier ici dans son intégralité. C'est pour cette raison que nous avons préféré opter pour une sélection des figures les plus emblématiques devenues au fil des décennies des légendes de la musique. Nous n'oublions pas pour autant les autres grands noms dont Jean-Michel Basquiat ou Robert Johnson, tous partis trop tôt, trop jeunes, trop vite...

​​​​​Amy Winehouse, si fragile

Amy Winehouse, au nom prédestiné, a tragiquement fait son entrée dans le Club, à 27 ans, en 2011. Une commémoration beaucoup médiatisée l'année dernière à l'occasion des 10 ans de sa disparition. Une auteure-compositrice-interprète de talent, un charisme indéniable, un look rétro adopté dans le but de séduire son futur ex-mari qui la rendait unique, et surtout cette voix vibrante d'intensité, faite pour la Soul, idéale pour nous conter ses amours tourmentées et ses addictions. Souvenez-vous de "Rehab" où elle clamait ouvertement son refus de se faire désintoxiquer sur les conseils de son père manager, bien trop présent mais pas de la bonne manière. Ce n'est pas pour rien que l'album "Back To Black", dont est extrait ce titre, est à présent un classique. Après une courte vie marquée par un succès fulgurant et consumée par des excès (alcool, drogue), un entourage toxique, Amy, l'étoile filante au côté destroy, trop fragile pour ce milieu, s'est éteinte en raison d'une dose létale d'alcool. Sa disparition, bien que sans surprise, a laissé un grand vide pour tous ceux à qui elle a tant donné et que personne n'oubliera.

​​​​​​Kurt Cobain, génération Grunge

Après une accalmie de 1969 à 1971, "le Club des 27" s'était éloigné des rockstars de 27 ans. C'était avant le 5 avril 1994, date choisie par Kurt Cobain pour se suicider. Dépressif depuis son adolescence, atteint de douleurs abdominales chroniques, l'inoubliable leader de Nirvana ne voulait pas du succès que l'album culte "Nevermind" a engendré, notamment porté par l'inoubliable titre "Smells Like Teen Spirit". Rappelons que nous fêtions en 2021 les 30 ans de la sortie de l'opus avec en prime une polémique autour du bébé nu sur la pochette qui a fait couler beaucoup d'encre : celui-ci, devenu adulte, ayant décidé d'attaquer le groupe pour faire valoir ses droits liés à une décence tardive. Le grunge, que Kurt Cobain avait inventé, était arrivé en haut des charts sur un malentendu : c'était en réalité un style musical profondément sombre. Ses auteurs cachaient derrière un look très décontracté un mal de vivre entraînant des penchants addictifs. Accro à l'héroïne, marié à l'actrice-chanteuse Courtney Love, alors leader du groupe Hole et elle aussi junkie (dont le doute plane toujours sur la présomption de participation au meurtre de son mari), père d'une petite fille, Frances Bean, Kurt Cobain venait tout juste de s'évader d'un centre de désintoxication. Le choc fut immense. Une nouvelle étoile venait de s'éteindre. Dans sa lettre d'adieu, il précisait d'ailleurs, à travers les paroles d'une chanson de Neil Young "Hey Hey My My", le mot d'ordre fataliste du Club des 27 : "Il vaut mieux brûler franchement que s'éteindre à petit feu." Tout était dit dans ce message à priori sans équivoque, touchant profondément Neil Young, se sentant responsable de cette tragédie.

Jim Morrison, le Roi Lézard

"Je suis le Roi Lézard. Je peux tout", déclamait Jim Morrison, chanteur des Doors, dans son poème "The Celebration Of The Lizard". Tout... Jusqu'à l'immortalité. Difficile de parler de Jim Morrison sans évoquer sa beauté sauvage, sa sensualité à fleur de peau mais surtout sa grande et paradoxale timidité. Car oui, cette rock star était un être fragile, qui savait depuis toujours que sa vie serait de courte durée. Sur scène, le charisme du musicien était indéniable : provocateur, interpellant le public avec des textes, une attitude et une voix ayant véritablement changé le visage du rock. Derrière lui, trois musiciens, ses trois amis : Ray Manzarek aux claviers, Robbie Krieger à la guitare et John Densmore à la batterie, restés presque dans l'ombre. En six albums, les Doors ont prouvé que le rock n'était pas incompatible avec une poésie empreinte de mysticisme. C'est à Paris que Jim Morrison avait ensuite choisi de fuir les Etats-Unis où il était une célébrité controversée, pour mieux connaître l'anonymat. Déprimé par ses procès, sa vie tumultueuse rongée par l'addiction à l'alcool, il n'était plus que l'ombre de lui-même, se rapprochant inexorablement de son funeste destin, qu'il devinait proche. Les décès prématurés de Brian Jones, Janis Joplin et Jimi Hendrix l'avaient marqué. L'auteur de "The End" plaisantait lui-même sur le fait qu'il serait peut-être le quatrième. Retrouvé mort dans sa baignoire au petit matin par sa compagne toxicomane Pamela Courson, dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, le mystère reste entier sur la cause réelle de la disparition de Jim Morrison qui aurait en fait succombé à une overdose d'héroïne pure (initialement prévue pour Pamela) dans les toilettes d'un bar parisien, le Rock'n'roll Circus. Triste épilogue pour cet artiste dont le souvenir reste intact, incarnant le symbole moderne du poète maudit. Il repose désormais au cimetière du Père-Lachaise aux côtés de ceux dont il se rêvait l'héritier. Ses fans n'hésitent pas à lui rendre régulièrement hommage.

Janis Joplin, le blues dans la peau

 Fauchée en pleine gloire, Janis Joplin incarne plus que tout autre artiste le rêve hippie : son style vestimentaire et son mode de vie très roots lui valent d'être aujourd'hui encore l'emblème de ceux qui cherchent une façon de vivre loin des normes. Souvent injustement critiquée pour son physique, elle avait ensuite pris sa revanche en adoptant un look excentrique mais surtout grâce à sa voix bluesy, sensuelle qu'elle allait chercher au fond de son âme. Sur scène, comme à Woodstock, elle était magnifiée par la puissance de ses interprétations, habitée par la musique. Certaines de ses inflexions étaient toutefois liées à son goût pour le bourbon, qu'elle consommait en grande quantité. Janis Joplin était aussi héroïnomane : comme souvent, une partie de son entourage essayait de la faire décrocher tandis que l'autre la poussait à en consommer. Le 4 octobre 1970, 16 jours après Jimi Hendrix, Janis Joplin était retrouvée dans sa chambre, inanimée. L'analyse médico-légale confirmait une surdose d'héroïne, bien que la seringue ait disparu de la pièce. Pour le monde du rock, l'heure n'était pas à la stupéfaction : cette grande dame, cette Lady chantait l'amour et la mort avec un timbre déchirant mais sa réputation de junkie était malheureusement connue de tous. Son public se demandait parfois comment une toute jeune femme arrivait à se produire en live. Pourtant, sans le savoir, ils avaient eu l'honneur de voir le premier membre féminin du "Club des 27" herself, alors plus vivante que jamais, avec pour preuve les divers enregistrements qu'elle nous a légués pour l'éternité.

Jimi Hendrix, le guitariste de génie

Magique, tout simplement. Jimi Hendrix reste l'un des meilleurs guitaristes, imité mais jamais égalé. Showman incroyable, il savait captiver les foules grâce à sa faculté à égrener les notes d'une manière touchant au virtuose, agrémentée d'un jeu de scène impressionnant, n'hésitant pas à bousculer les codes en cassant, brûlant ses guitares quand il ne les manipulait pas avec les dents. Pourtant, pour ce gaucher américain, rien n'était gagné. Aux Etats-Unis, le succès n'était pas au rendez-vous. C'était sans compter sur l'Angleterre, alors point de ralliement musical de cette époque, qui l'accueillit à bras ouverts, faisant de lui une star. Mais une malheureuse interaction entre alcool et somnifères arrêta brutalement la carrière de Jimi Hendrix. Après l'annulation d'une tournée en Europe, le guitariste prenait un peu de repos à Londres quand il fut retrouvé mort le 18 septembre 1970. Il s'apprêtait à terminer son quatrième album. Un processus de plusieurs mois qui lui avait fait enregistrer une quantité phénoménale de chansons, qu'on retrouve depuis sur de nouveaux disques. En effet, rares sont les artistes rock à avoir sorti plus d'albums studios après leur mort que de leur vivant. C'est cette productivité qui rend sceptiques les fans sur le caractère accidentel de sa disparition : son manager Michael Jeffery avait en effet beaucoup à gagner avec ce décès, tandis que Jimi Hendrix souhaitait le licencier. Une rumeur persistante veut que l'entrée de Jimi au "Club des 27" ait été provoquée par ce machiavélique personnage, disparu deux ans plus tard dans un accident d'avion.

Brian Jones, l'âme des Rolling Stones

Les puristes préfèrent Brian Jones à Keith Richards et Mick Jagger. Au début des Rolling Stones qu'il avait d'ailleurs fondés, c'était lui le leader, le vrai musicien qui donna l'impulsion de passer du blues à quelque chose de différent, un courant musical entre pop et rock. Tout bascula pourtant en 1967. Sentant son influence baisser face à Mick Jagger et Keith Richards qui composaient davantage que lui, il s'enfonça dans la drogue. Keith lui vola sa fiancée, Anita Pallenberg, et il finit par quitter le groupe en juin 1969. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1969, deux ans jour pour jour avant Jim Morrison, on le retrouva noyé au fond de sa piscine. Une bien triste fin pour un musicien qui avait tant à offrir malgré son mal de vivre et son besoin incontrôlable de se détruire. Dans son sang, alcool et somnifères expliquaient en partie son décès. Sauf que depuis 50 ans, on sait qu'un certain Frank Thorogood rôdait autour de la piscine peu avant sa disparition. Cet entrepreneur en rénovation aurait avoué sur son lit de mort avoir poussé le pauvre Brian à l'occasion d'une dispute. Brian Jones, avec sa blondeur angélique, restera à jamais celui qui a permis aux Rolling Stones d'exister, d'endosser le rôle des bad boys face aux "gentils" Beatles et d'entrer dans l'histoire du rock.

"Le Club des 27" demeure une énigme malgré des artistes de différentes époques enclins à l'autodestruction, aux excès en tous genres pouvant expliquer en partie leurs disparitions prématurées à un âge charnière. Mais les circonstances, souvent différentes, restent nébuleuses. Chacun est libre de se faire sa propre opinion, rationnelle ou moins explicable. Une chose est sûre : ces légendes continueront toujours d'exister à travers leur art, éternel.

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